L’histoire coloniale de l’Afrique est inscrite dans les fibres mêmes de ses textiles africains. Le pagne africain, loin d’être un simple morceau de tissu coloré, porte en lui les cicatrices et les résistances d’un continent qui a vu son destin bouleversé par la colonisation. Du wax hollandais aux imprimés commémoratifs des indépendances, ces étoffes sont de véritables archives textiles qui méritent qu’on s’y attarde.
Prenez le fameux « Leap of Mankind » de Vlisco, ce motif créé en 1963 pour célébrer les premiers pas dans l’espace. Ironiquement adopté au Congo pendant la décolonisation, il est devenu symbole de progrès et d’émancipation. C’est ça la magie du pagne : il absorbe l’histoire, la détourne et finit par raconter une toute autre histoire que celle initialement prévue. Les textiles africains ne sont pas que des témoins passifs de l’histoire, ils en sont des acteurs à part entière, parfois complices, souvent rebelles.
Et que dire des pagnes « commemoratifs » arborant les visages des leaders politiques? Du Kwame Nkrumah ghanéen au Patrice Lumumba congolais, ces tissus ont transformé les corps des femmes africaines en véritables panneaux politiques ambulants. Quand porter un tissu devient un acte militant, on comprend que le pagne, au-delà de sa fonction vestimentaire, est aussi un puissant moyen d’expression dans des sociétés où la parole a longtemps été confisquée.





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